Face aux évolutions médicales, éthiques et sociales, la question de la fin de vie s’invite régulièrement dans le débat public. En 2025, le sujet revient avec une intensité inédite. Entre avancées parlementaires, blocages politiques et tensions éthiques, où en est la loi ? Et pourquoi cela nous concerne tous ?
Un cadre légal longtemps inchangé
Jusqu’à récemment, la législation française sur la fin de vie s’appuyait principalement sur la loi Claeys-Leonetti de 2016. Ce texte permet la sédation profonde et continue jusqu’au décès pour les patients en fin de vie, sans pour autant légaliser une aide active à mourir comme l’euthanasie ou le suicide assisté. Mais pour beaucoup, cette loi reste insuffisante face aux situations de souffrance persistante.
Une relance du débat par les citoyens
En décembre 2022, le président Emmanuel Macron lance une Convention citoyenne sur la fin de vie. Pendant plusieurs mois, 184 citoyens tirés au sort débattent. En février 2023, leur verdict est clair : une large majorité se prononce en faveur d’une aide à mourir, encadrée strictement. L’une des phrases fortes de leur rapport résume leur position : « Il nous semble inacceptable que des personnes meurent dans des souffrances que l’on pourrait éviter. »
Un projet de loi… suspendu par la politique
Suite à ces recommandations, Emmanuel Macron annonce en mars 2024 un projet de loi en deux volets : renforcement des soins palliatifs et légalisation de l’aide à mourir. Les débats s’ouvrent à l’Assemblée nationale en mai. Le 6 juin, l’article 5 — autorisant l’aide à mourir — est adopté à 88 voix contre 50.
Mais le 9 juin, la dissolution de l’Assemblée nationale met un coup d’arrêt brutal au processus : le texte devient caduc.
Des tensions éthiques persistantes
La proposition divise profondément.
Les soutiens à la réforme défendent la liberté individuelle face à la souffrance : « Avoir le choix de mourir dignement est une question de respect et de compassion », avancent certains élus.
À l’inverse, de nombreux professionnels de santé expriment leur inquiétude : crainte de dérives, risque de pression sociale sur les personnes vulnérables, et remise en cause du rôle médical. Le Conseil national de l’Ordre des médecins rappelle ainsi que « donner la mort ne peut devenir un acte médical ordinaire ».
Un retour progressif à l’agenda politique
À l’automne 2024, le nouveau Premier ministre Michel Barnier affiche sa volonté de relancer le projet. Des parlementaires comme Agnès Firmin Le Bodo et Olivier Falorni soumettent des propositions alternatives, avec un point commun : garantir un encadrement strict et éthique de l’aide à mourir.
2025 : vers une loi plus claire et plus stricte
En mai 2025, une nouvelle version du texte est présentée. Elle fixe cinq critères précis pour accéder à l’aide à mourir :
- Être majeur et capable de s’exprimer librement,
- Résider en France,
- Être atteint d’une maladie grave et incurable,
- Avoir un pronostic vital engagé à court ou moyen terme,
- Souffrir de douleurs physiques ou psychiques jugées intolérables.
Le 27 mai 2025 : une étape décisive
Le 27 mai 2025, l’Assemblée nationale adopte en première lecture deux propositions de loi majeures sur la fin de vie. Ces votes marquent un tournant important dans le débat français.
Les textes doivent désormais être examinés par le Sénat à l’automne. Leur adoption définitive pourrait faire de la France l’un des rares pays à encadrer légalement l’aide à mourir.
Une réflexion collective et personnelle
La question de la fin de vie dépasse le cadre médical ou juridique. Elle nous invite à réfléchir, en tant que société et en tant qu’individus, à la manière dont nous souhaitons accompagner les derniers moments avec respect, humanité et liberté de choix. C’est aussi une invitation à réfléchir, en toute simplicité, à ce que l’on souhaite pour soi, et à en parler avec ceux qu’on aime.