Alors que le débat national sur la fin de vie se poursuit, une nouvelle enquête menée par Ipsos bva pour le Centre national Fin de Vie – Soins Palliatifs révèle les attentes, inquiétudes et perceptions des Français. Entre besoin d’information, volonté de soulagement, importance des proches et interrogations sur le cadre légal, cette étude apporte un éclairage précieux sur un sujet à la fois humain, éthique et sociétal.
Un contexte marqué par l’évolution du débat public
L’Observatoire de la fin de vie 2025 repose sur un échantillon représentatif de 1 000 adultes français interrogés au printemps 2025. Cette nouvelle édition intervient dans un contexte où la question de la fin de vie a occupé une place importante : convention citoyenne, travaux parlementaires, débats éthiques, médiatisation accrue.
L’étude vise à mesurer comment les Français se représentent la fin de vie, ce qu’ils en attendent, ce qu’ils craignent — et ce qu’ils connaissent réellement du cadre légal et des dispositifs existants.
« Fin de vie » : un terme aux significations multiples
Pour beaucoup, la fin de vie reste un concept flou. L’enquête montre que :
- 30 % associent la fin de vie à l’aggravation d’une maladie grave et incurable.
- 26 % l’associent à la perte d’autonomie.
- 20 % au simple diagnostic d’une maladie incurable.
Sur la durée évoquée, les représentations varient également : certains pensent aux derniers mois, d’autres aux dernières heures. La vision d’une fin de vie longue — plusieurs années — recule nettement par rapport à 2022.
Concernant les soins palliatifs, la majorité des Français en perçoit la dimension globale : soulagement physique et psychologique, prise en charge du malade et de son entourage. Mais près d’un tiers continue de les associer uniquement aux derniers jours, témoignant d’un besoin d’information sur leur véritable vocation.
Priorité n°1 : soulager la souffrance
Lorsqu’on interroge les Français sur ce qui compte le plus en fin de vie, les réponses sont claires :
- Soulager la douleur arrive en tête (57 %).
- Être entouré des proches (55 %) occupe également une place essentielle.
- Le respect des volontés du patient arrive ensuite, suivi de la prise en compte des besoins de la famille.
- Seuls 8 % citent « vivre le plus longtemps possible » comme priorité.
La grande majorité exprime le souhait de pouvoir mourir dans un cadre familier, si possible à domicile — ce qui rejoint l’idée d’un accompagnement humain, digne et apaisé.
Le manque d’information : un obstacle majeur
L’étude montre que, malgré ces attentes bien identifiées, l’information reste insuffisante :
- Seuls 40 % des Français ont réellement réfléchi à leurs souhaits de fin de vie.
- 43 % en ont parlé à un proche, mais très peu à un professionnel de santé.
- La moitié estime être mal informée sur les dispositifs existants (directives anticipées, sédation, soins palliatifs…).
- Seuls 22 % comprennent réellement ce que sont les directives anticipées, alors que 41 % disent connaître le terme.
Un paradoxe apparaît : beaucoup souhaitent que leurs volontés soient respectées, mais peu ont formalisé celles-ci, faute d’information ou de démarche anticipée.
Cadre légal : une opinion divisée
L’étude révèle également une polarisation :
- 41 % pensent que la loi actuelle permet de garantir le respect des volontés.
- 44 % pensent l’inverse.
Ceux qui se disent « très bien informés » sont même plus nombreux à juger le cadre insuffisant. Les attentes se concentrent notamment sur :
- le souhait de pouvoir choisir le moment ou les conditions de sa mort,
- la perception que certaines souffrances pourraient être évitées,
- la question sensible de l’aide active à mourir.
Ces résultats montrent que le débat public est loin d’être clos — et qu’il reste un enjeu d’information, de pédagogie et de clarification.
Un défi collectif pour les années à venir
La conclusion de l’étude est claire : les Français aspirent à une fin de vie digne, sans douleur, entourée et respectueuse de leurs volontés. Mais pour y parvenir, plusieurs défis se posent :
- mieux informer sur les droits et dispositifs existants,
- faciliter l’expression des volontés (directives, personne de confiance…),
- renforcer l’accès aux soins palliatifs,
- poursuivre le débat législatif afin de répondre aux attentes exprimées.
La fin de vie demeure un sujet sensible, mais aussi un enjeu profondément humain. L’enquête 2025 montre que les Français sont prêts à en parler — à condition d’être accompagnés, informés et écoutés.
Consultez l’article complet du 5 Décembre 2025 publié par : https://www.ipsos.com/fr-fr/observatoire-de-la-fin-de-vie-2025

